PHILIPPE DESQUENNES

Voici en vrac mes remarques sur ce que j’ai dégusté lors d’un passage au salon des vignerons indépendants, Porte de Champerret à Paris, le vendredi 27 mars 2009 (ayant passé 3 heures sur place, je n’ai donc vu que 2 ou 3% des stands)

— Remarque générale sur les Bourgognes blancs 2007, millésime dominant cette année sur les stands : vu la météo il y a beaucoup d’acidité. Elle réveille bien les Meursault et je conseille de goûter celui du Domaine Gilles Bouton (stand H33) à 20 €, de même que son Puligny–Montrachet « La Garenne » à 20 € idem. J’ai décidé d’attendre 2008 pour les Bourgognes blancs car j’ai de la marge en cave.

— À signaler que les Saint-Véran « vieilles vignes » et « prestige » (pas le « tradition ») du Domaine de la Feuillarde (H3) ne coûtent que 8 € et sont les meilleurs que j’ai dégustés (et j’en ai dégusté sur 5 stands).

David Fourtout, « Les Verdots«  (F23), a un Côte de Bergerac rouge tout à fait exceptionnel (pigeage directement dans les barriques avec l’aide du tonnelier et ça fermente sur place), appelé tout simplement « Le Vin » : j’en ai carrément acheté 1 caisse de 2005 pour pouvoir en offrir aux parents qui avaient déjà adoré ses autres vins. Toute sa gamme est très bien dès les « Tours des Verdots » à 9 € et le 2ème vin à 19 €. Fourtout, toujours remarqué dans les guides, a une cave à rivière souterraine paraît-il à voir.

Des passionnés m’ont conseillé d’aller essayer le roi du rapport qualité/prix dans la catégorie « matière-charpente-épice-réglisse » : le Corbières Domaine du Grand Arc « Cuvée des 40« . À 7,50 €, on se dit que les copains bordelais et bourguignons doivent tout juste fournir le verre et le liège pour ce prix-là (et Villerambert-Julien qui, lui, n’est pas donné – ça mériterait une dégustation comparative). Vin excellent, riche, complexe, c’est vraiment une affaire.

— Un personnage haut en couleurs, Dominique Léandre-Chevalier, Château du Queyroux en côtes de Blaye (G2), l’homme-cheval rugbyman rencontré la veille à la dégustation de « petits » Bordeaux chez Lavinia (où j’ai rencontré Daniel Berger), formé chez les compagnons du tour de France qui laboure avec son percheron (il a réduit son domaine de 12 à 1 ha), provine (en déplaçant les plants de 30 cm à chaque millésime, les raisins ne sont jamais récoltés au même endroit), et « jardine » jusqu’à 33 000 pieds/ha plantés en cercle (photo ci-dessous), pour ne récolter que 3 à 4 grappes par pied.

Il présentait quatre vins superbes. Son top à 50 € la bouteille de 50 cl…, « 100%« , du pur petit verdot pré-phylloxérique (« franc de pied »), succulent, j’ai craqué pour 6 — un ovni pareil c’est super. Son « Joyau de Queyroux » (M, CS, PV) est aussi à déguster, très riche, complexe, fruits noirs, épices, j’en ai acheté 6 de 2006 et commandé 6 de 2008 en primeur. Son mono-cépage merlot « M… L’Enchanteur » et son « C… que du BONHEUR« , pur cabernet-sauvignon qui m’a plus enchanté que « M » malgré le merveilleux jeu de mots. « Le Queyroux » (50% CS, 50% M) m’a un peu moins épaté, peut-être lui ai-je trouvé moins d’originalité.

Ça valait vraiment le coup de passer sur son stand ne serait-ce que pour discuter avec lui : attention, c’est une grande gueule, il ne faut pas le mettre dans le même sac que ses voisins qui boisent et récoltent les cabernets pas mûrs… Sinon il se fâche !

— Enfin, il fallait forcément s’arrêter à La Coume du Roy (C4) parce que ces vignerons si sympathiques vous faisaient déguster plein de millésimes de Maury incluant un 1977 et même un… 1965 (rancio bien sûr pour ces deux derniers); c’est généreux et commercial — et d’ailleurs en plus des vintages 2002, à la fraise, du 2003, au pruneau et raisin sec, et du 2004 plus vineux et qui d’après eux est idéal avec un tajine (miam miam), j’ai justement pris un 1965, une bombe !

Voilà c’est tout, et ne m’oubliez pas pour les échanges de bon tuyaux.

Ciao !

Philippe

Courriel envoyé le 27.03.09 — <philippe.desquesnes@wanadoo.fr>