• Fèlsina — Avant de pénétrer dans les caves de briques voûtées du Castelnuovo Berardenga, on longe un chenil où s’ébrouent des setters, irlandais et lavrack. Fèlsina, est la propriété de Giuseppe Mazzocolin, ancien professeur de lettres, héritier en 1982 de son beau-père, Domenico Poggiali, refondateur du domaine dans les années 60. D’aspect austère, c’est l’un des plus anciens domaines de Toscane, remontant à l’époque de la rivalité Sienne-Florence aux XIIIème et XIVème siècles, qui s’étend sur 485 ha et comprend le Castello di Farnetella à Sinalunga, au nord de Montepulciano, et produit 800 000 b/an. Berardenga comptait une église, des étables et une mesuiserie, et c’est dans les anciennes réserves à grains — après le moyen-âge, cette partie de Toscane était le grenier de Sienne — qu’ont été installés les chais et celliers (photos ci-dessous).
La propriété regroupe 11 vignobles tous exposés au sud et bien ventilés, en appellation Chianti Classico et Chianti Colli Senesi, aux terroir et microclimat très variés. Aidé par son ami œnologue Franco Bernabei et désormais par son neveu Domenico Poggiali, Mazzocolin est attaché à l’idée de « crus », notamment en respectant les différents types de SGV répartis sur le vignoble, tout en cherchant à harmoniser et ennoblir leur personnalité individuelle. « Notre position résulte d’une longue expérience et d’une recherche en profondeur sur les facteurs d’interpénétration vigne/terroir, et non d’une idéologie intégriste » insiste Caterina, qui vient de nous faire faire le tour des longs celliers et a préparé une dégustation de Classico, du pur sangiovesedonc.
— Berardenga : provenant des vignes de Paglierese au nord du domaine (25 ha), âgées de 30 ans. Environ 170 000 b/an. DOCG. L’étiquette est la même depuis 1966.
Le 2006 a des arômes de fruit de sous-bois, 13° (7,5 €); le 2005 idem, qui paraît plus rond, 13,5°; et le 2004, plus puissant et moins nuancé que les deux précédents (14 €). Les trois ont cette même couleur sombre et ce même arôme caractéritique de tabac, de fumée, de poussière presque. Puissance et charme, un peu fugaces.
— Fontalloro : provient des vignes plantées sur deux versants de la plus haute colline du domaine (à 410 m). Environ 40 000 b/an. IGT. Créé en 1983. Le 2000 est un beau cru aux tanins aujourd’hui bien fondus. Une certaine âpreté encore, qui peut surprendre (16,5 €). Quant au 1993, ce n’est pas un vieux vin, disons qu’il est majeur.
• Sienne , Enoteca Italiana
Dîner avec quinze vins (oui, 15) de 6 à 12 €, dont :
— Morellino di Scansano Le Pupille 2007, assez âpre, « méditeranéen » me rappellant le grec cépage grec Xinomavro (Ξυνόμαυρο);
— Sant’Antimo Olmaia Cabernet Sauvignon 2005, restituant, à Montalcino, le CS tel qu’un palais de Français peut en apprécier les variétés au-delà de la sphère bordelaise;
— Montepulciano Gavioli (vino nobile) et Montalcino Nardi (brunello), 2005, correspondant bien à l’image qu’on se fait de ces deux grands classiques;
— Chianti Riserva Castellare 2001, qui finit la journée comme on l’a commencée (mon préféré).
Les chambres de l’hôtel Continental sont majestueuses. On échafaude des projets pour un night cap ensemble dans l’une ou l’autre, en visant surtout la suite à mezzanine attribuée à André Magalhães. Mais la fatigue gagne et finalement je reste dans la mienne. À la fenêtre, la lune est grosse, l’air est doux et sans odeur. Les cloches sonnent les heures dans le grand silence de la nuit siennoise de l’hiver, rien à voir avec la saison du Palio.
La revue de presse de Vitisphere.com du 24.07.09 revient sur les soupçons avérés de fraude sur le Brunello di Montalcino dont il est régulièrement fait état un peu partout depuis plus d’un an, contrairement à ce qu’affirme le rédacteur qui semble découvrir…
« Mauvaise limonade dans le Brunello
Je ne lis pas bien l’Italien, mais il me semble comprendre que la limonade a le goût des vrais-faux pinots languedociens, ou des Beaujolais chaptalisés. Le quotidien La Repubblica du 19 juillet révèle que 130 000 hl de Brunello di Montalcino DOCG, l’AOC phare de Toscane en rouge, ont été déclassés pour cause de fraude sur l’origine des raisins, des cabernets sauvignon et des merlot ayant été substitués entre 2003 et 2007 au sangiovese, seul cépage autorisé. L’émoi ne serait peut-être pas si grand en Italie si la fraude ne concernait pas des maisons prestigieuses : Banfi, Argiano, Frescobaldi, Antinori, Casanova dei Neri. Le site Lavinium a donné à cette fraude un nom : brunellopoli (ou « brunellogate »). L’article du site de vin est illustré d’une photographie qui ne laisse planer aucun doute. L’information n’est pas arrivée chez nous, mais elle n’a pas échappé aux Canadiens. Faut-il soulever le couvercle ? »
Check « Are Super-Toscans Still Super? » in the April 13 issue of the New York Times