D’après E-Vitisphère.com, 12 novembre 2012
Le père du French paradox, le Français Serge Renaud, vient de mourir
à l’âge de 85 ans. Il a été le premier il y a vingt ans à montrer que
bu modérément, le vin est bon pour la santé. Fils de vigneron, né à Cartelègue en Gironde, il était retraité dans le Médoc. C’est aux Etats-Unis que ses travaux ont d’abord trouvé un écho retentissant.
« Invité d’une émission de grande écoute à la télévision américaine en 1991, il expliqua ses travaux, devenant ainsi l’« inventeur » de la théorie du French paradox (ou paradoxe français) » commente César Compadre dans un article de Sud Ouest. « Revenu à Lyon comme directeur de recherche à l’Inserm, le reportage que lui consacre la chaîne américaine CBS en 1991 fait sensation : cantonné jusqu’alors à la rubrique alcoolisme et autres maux de santé, le vin avait aussi du bon » poursuit le journal.
« Il est mort debout. Dimanche, il a voulu se lever de son fauteuil et marcher sur la plage, à 200 mètres de chez lui. Après quelques pas, il s’est subitement effondré » est-il précisé en tête d’article.
Fils de vigneron, attaché à sa terre et doté d’un esprit curieux, c’est presque naturellement qu’il a entrepris des études de biologie et s’est intéressé aux relations entre nutrition et cardiologie.
Aux États-Unis, une association de cardiologues fonde une académie à son nom. La France lui réserve un accueil plus mitigé, selon le vieil adage nul n’est prophète en son pays. « Serge Renaud passa beaucoup de temps à chercher des financements pour continuer ses recherches, pas toujours avec succès, notamment en France » rappelle Sud Ouest.
Le magazine américain Wine Spectator est le premier à consacrer un long article au chercheur dont « les travaux ont eu un grand impact sur la consommation de vin des Américains ». Wine Spectator relate dans les détails son intervention au talk show 60 Minutes de CBS en novembre 1991 : « le présentateur Morley Safer brandit un verre de vin rouge et proclama que la meilleure résistance des Français aux maladies cardiaques tenait dans ce verre de vin ».
En 1994 Serge Renaud expliquera au Wine Spectator comment le régime alimentaire français a orienté ses travaux en cardiologie : « Tout petits nous apprenons à consommer du pain, des fruits, des légumes, de l’huile d’olive, du fromage et un peu de vin. Et quand j’ai quitté la France à vingt ans pour aller faire mes études au Canada, il était pour moi inimaginable de ne pas boire de vin à table. J’ai été frappé par le taux important de maladies cardiaques aux Etats-Unis en même temps que par les différences de consommation alimentaire des Américains par rapport aux nôtres. J’ai alors décidé d’explorer le lien entre nutrition et maladies coronariennes. »
Le quotidien La Croix rappelle dans la biographie qu’il lui consacre, que Serge Renaud a le premier mis en avant le « rôle protecteur » des polyphénols.
Paradoxe pour paradoxe, lire la position du professeur Charlotte Cordonnier, neurologue au CHRU de Lille, soutenant récemment dans Paris Match qu’une consommation quotidienne supérieure à quatre verres d’alcool (sans plus de précisions concernant le vin proprement dit) présente des dangers d’altération vasculaire.
Et celle, opposée, trouvée sur le net : Red Wine ‘Can Help Fight Cancer’.
Débat inépuisable depuis Le Banquet de Platon entre bienfaits et dangers du vin, dangers que la sagesse/modération saura ignorer.
Enfin la Indian Wine Academy relate les résultats d’une étude récente reprise par plusieurs journaux indiens, selon laquelle un verre de vin par jour accroîerait de 20% les chances de survivre au cancer du sein.