D’après Les news — Intothewine.fr — 17/05/13
Alors qu’une mission sénatoriale va remettre un rapport qui pourrait inclure une nouvelle taxe dite « comportementale » sur le vin, des députés lancent une Association Parlementaire des Amis du Saké Japonais.
Le Sénat évalue actuellement la possibilité d’une « réduction des comportements à risques » pour la santé publique par des mesures fiscales. Le vin, au degré d’alcool (10 à 13°) sensiblement plus faible que celui des spiritueux, est pourtant l’une des principales cibles visées par l’étude parlementaire (1).
De fervents défenseurs du vin crient à l’acharnement : producteurs, journalistes, hommes politiques, nombreux sont ceux qui s’insurgent contre le projet. Selon eux, le vin est un élément phare de notre culture et mériterait d’être mis en valeur plutôt que faire l’objet d’une énième taxation.
Et pendant ce temps, des parlementaires sous la houlette de Gilbert Le Bris, ont décidé de promouvoir le saké japonais. Deux poids, deux mesures, au Parlement toutes les boissons alcoolisées n’ont pas le même traitement !
Il y avait l’association parlementaire des fans de Tintin, celle des amateurs de cigare, c’est maintenant au tour de l’alcool (18 à 20°) typiquement japonais à base de riz de rassembler les élus connaisseurs.
Une petite réception pour lancer ce mouvement s’est tenue mercredi 15 mai, où Gilbert Le Bris était accompagné des deux députés, Bruno Le Roux et Didier Quentin. Le but est de mettre en valeur, au nom de l’amitié France-Japon, cette boisson qui est en son pays “aussi importante que le vin l’est en France”. Initiative tout à fait honorable mais qui, dans ce contexte, étonne.
Pourquoi n’y a-t-il pas d’association parlementaire pour la défense et la promotion du vin français ? Ne gagnerait-on pas à préserver le rôle si important qu’occupe le vin dans notre pays avant de s’occuper du saké des Japonais (qui n’en ont d’ailleurs pas besoin de promotion et n’ont rien demandé) ?
L’amitié France-Japon est une belle initiative : à quand une amitié France-France ?
Le vin demeure le 2ème secteur d’exportation français et a rapporté plus de 11 milliards € à l’État en 2012. Le point de vue n’est pas que corporatiste, les taxes sur le vin ont-elles une réelle efficacité sur l’alcoolisme ? La consommation de vin a baissé ces dix dernières années au détriment d’alcools forts comme la vodka et le whisky. Une nouvelle taxe sur le vin pourrait avoir un effet pervers, la hausse des prix entrainant un report sur la consommation de ces alcools forts.
Au sein même du Parlement, certains commencent à se réveiller comme le président du groupe PS au Sénat, François Rebsamen, qui s’oppose à cette nouvelle fiscalité dissuasive qui pénaliserait la viticulture en l’associant à un message négatif. Plus d’attention et d’intérêt pour les viticulteurs français permettrait pourtant aux parlementaires de mieux comprendre les enjeux de cette filière qui fait rayonner l’image de la France à travers le monde.
Affaire à suivre…
En attendant, il nous tarde de voir nos députés faire trempette dans un bain de saké.
Le conseil des vins de FranceAgriMer a adopté le 15 mai à l‘unanimité une motion d’opposition au principe même de la fiscalité comportementale.
Rappelant l’importance de la filière vin dans la culture française et sur le plan économique en livrant quelques chiffres clés — 500 000 emplois, 87 000 exploitations, 7,6 milliards € à l’export —, la motion « dénonce l’inefficacité de la fiscalité comportementale en termes de santé publique », notant qu’aucun lien entre consommation et fiscalité n’a pour l’instant pu être établi. Elle souligne « le caractère stigmatisant de la fiscalité comportementale pour l’image du vin, présenté comme dangereux pour la santé, sans distinction entre consommation mesurée et consommation excessive ». Elle relève « l’absence de consensus scientifique sur les méfaits d’une consommation mesurée » et demande « la mise en place d’une campagne d’information et de prévention sur les repères de consommation ». Elle souhaite enfin la nécessité d’un « concertation et dialogue entre Vin & société et les pouvoirs publics pour mettre en œuvre des politiques d’éducation et de prévention. »
Par ailleurs, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a voulu calmer les inquiétudes des viticulteurs français en affirmant, le 20 mai à Bordeaux ne « jamais avoir été saisi d’un projet de taxe sur le vin. Je verrai le moment où on me saisira de manière officielle sur cette question, mais personne ne m’a parlé de ce sujet, au niveau du ministère ou du Conseil des ministres », admettant « qu’il y a peut-être des discussions à l’Assemblée » mais que, pour l’instant, « il n’y a pas péril en la demeure ».
[ Communiqués ]