D’après 20 MINUTES — 8 août 2013, 17h28
Les orages et la grêle ont gâché les récoltes en Bourgogne, en Pays de Loire et dans le Bordelais. Olivier Thiénot (photo), directeur de l’École du Vin, prédit que ces dégâts ne riment pas forcément avec hausses de prix.
2013 va-t-il être une année catastrophe pour le vin français ?
Dans les régions où les vignobles sont sensibles aux effets météo, les dégâts sont importants. Ce n’est pas nouveau mais plus intense que lors d’autres années. Il y aurait environ 37.000 hectares touchés sur les 900.000 que compte la France. Le millésime 2013 ne sera pas bon. En Bourgogne, ce sera la troisième mauvaise année de suite : en 2011, l’été a été frais et la récolte moyenne, et en 2012, il y a eu de la pluie. En 2014-2015 on boira davantage de vins du sud !
Quelles vont être les conséquences des orages de grêle ?
Les régions touchées ne l’ont pas été de la même façon. Cela va de la perte totale de récolte à des problèmes de rentabilité. La grêle éventre le raisin, qui s’oxyde et qui va devenir un raisin… sec. Les vignobles bio sont les plus fragilisés. Et côté géographie, la Bourgogne a été très fortement touchée, notamment la Côte de Beaune et Meursault. La vallée de la Loire aussi, mais davantage à cause de la pluie que de la grêle. Une partie du Sud-ouest et du Bordelais, notamment Saint-Émilion, est endommagée, tandis que le Médoc a été épargné. Mais il n’y a pas eu de dégâts en Provence, ni en Corse, en Vallée du Rhône, en Languedoc, ni en Alsace (supplément d’information en Commentaires).
Quelles sont les meilleures conditions météorologiques pour que le vin soit bon ?
L’idéal c’est un hiver froid et pluvieux pour créer des réserves d’eau. Un printemps sec pas trop chaud, car il existe un risque de maturité trop rapide du raisin. Dans ce cas, des pluies diluviennes peuvent créer des champignons. Troisième temps, un été chaud, ensoleillé. Si les nappes phréatiques ne sont pas pleines, la vigne peut subir un « stress hydrique » ou manque d’eau, ce qui donne des raisins trop petits et au goût peu intéressant. Enfin, il faut un automne chaud et ensoleillé : c’est la dernière montée de sucre et donc le vin aura un joli corps et un goût moelleux. S’il y a trop de pluie, les moisissures donnent un goût amer et le vin sera plus aqueux et donc moins charnu en bouche.
Faut-il les mêmes conditions météo pour blanc, rosé et rouge ?
Pour le rouge et le rosé, c’est pareil. Mais le blanc nécessite des conditions plus fraîches. Sinon, on manque d’acidité et les arômes sont plus proches des fruits exotiques, ce qu’on demande rarement à un vin blanc. Ainsi en Bourgogne, 2009 était meilleur en rouge et 2010, avec une fin d’été plus fraiche, était idéal pour le blanc.
Les prix vont-ils augmenter ?
Non, les prix vont baisser (voir commentaire n°7). Depuis quelques années on produit davantage et de beaux millésimes en France. Avec de gros stocks et une bonne qualité, les prix ont augmenté. Si le vin est moins bon, il y a moins de demande. Et les importateurs sont déjà au fait que 2013 n’est pas une bonne année. On préfèrera boire du 2008 ou du 2011, pas terrible, mais meilleur… Et les régions épargnées n’ont pas des prix exorbitants en général.
Dans quelle conjoncture les prix pourraient-ils augmenter ?
Soit que ce soit un millésime exceptionnel, on en est loin; soit que la demande du marché étranger reparte, or l’Asie a beaucoup stocké de bouteilles de 2009 et 2010; ou qu’il y ait disette et les dégâts n’en ont pas créé.
Les meilleurs millésimes restent 1997, 2005, 2009 et 2010. Sur les 50 dernières années, tous les millésimes en 3, excepté 2003, n’étaient pas bons… C’est une boutade, mais les vignerons aiment bien voir des signes derrière les millésimes !
BORDEAUX 2013 MOINS BONS ET PLUS CHER: 3 questions à Hervé Grandeau, Pdt syndicat Bordeaux—Bordeaux Sup.
Les prix des vins français issus des vendanges de 2013 affichent une hausse de 20% selon une étude réalisée par le ministère de l’Agriculture. Comment l’expliquez-vous ?
Cette hausse globale des prix du vin en vrac est mécanique, due à une baisse de la production et à un maintien de la demande en 2013-2014. Hormis le Languedoc et aussi la Provence, toutes les régions viticoles ont pâti en 2013 d’une mauvaise météo provoquant une baisse des rendements.
effectivement ce millésime 2013 comme assez moyen, vu les conditions climatiques, détestables avant comme pendant les vendanges. Paradoxal, non ?
Sur les bordeaux 2013, les prix montent aussi de 20% alors que les experts considèrent effectivment ce millésime comme assez moyen, vu les conditions climatiques, détestables avant et pendant les vendanges. Paradoxal, non ?
Pour les vins de consommation courante, si le 2013 apparaît moins homogène en qualité que les exceptionnels 2009 et 2010, elle est correcte dans l’ensemble, et cela pèse assez peu sur le cours du vrac. La remontée des prix s’explique par un rééquilibrage de l’offre par rapport à la demande. Depuis 2005, le vrac comme les vins premiers prix ont souffert du surstockage. Le cours du tonneau de 900 L est descendu de 1 200 à 800 € pendant la crise financière de 2008-2009. Comme nous avions trop de stocks, les 2009 et 2010 ont été bradés. Mais aujourd’hui la donne a changé : pour éliminer ce surstockage, les vignerons bordelais ont mis en place une politique de baisse de rendement. À cela s’ajoute la faible récolte 2013, entraînant une chute de 30% de la production et l’offre de vrac devient inférieure à la demande. Il est donc logique que les prix remontent à 1 200 € le tonneau, soit le niveau de la fin des années 2000.
Mauvaise nouvelle pour le consommateur de vins à petit prix…
Pour une bouteille de bordeaux premier prix qui coûtait 2,5 à 3 € la hausse représente 0,30 €, après plusieurs années de baisse…
Interview Jean-Pierre de la Roque
2013, sans doute grande année ! En Côtes Rôties et Condrieu, on a 50% de volume en moins qu’en 2012. Vendange précoce et courte : sur les coteaux, il fallait le physique All Blacks, on commençait tôt et finissait tard; et une délicatesse de gazelle, on remplissait faiblement les cagettes pour ne pas tasser le raisin et on les redescendait aussitôt. Très beau niveau qualitatif, degrés au top entre 12.5° et 13.5°, des PH bas et beaucoup de malique. Maturités longues, arômes magnifiques, la cave embaume les fruits frais, les couleurs sont belles. Mais on ne se prononcera qu’à la fin des malos car l’équilibre va changer.
A shit year ! I think it will be very complicated. It’s a very difficult year. I have hopes for the people who can spend a lot on very high-quality viticulture. But I don’t have much hope for the producers in the smaller appellations. The most complicated bit will be to bring the raisins to maturity without botrytis. There will be some good wines, but it’s a shit year (Intw Wine Searcher Newsletter, 09-Oct-2013).
1.8.13. D’après le Service de la Statistique et de la Prospective la production viticole française s’élèverait en 2013 à 45,8 Mhl, à +11 % sur l’année précédente. Le retard végétatif, résorbé en Charentes mais restant de 10-15 jours en Bordelais, a compromis la floraison. La qualité et la quantité de la vendange seront affectées par la coulure (chute de fleurs non fécondées) sur le grenache (vallée du Rhône et Languedoc-Roussillon), le merlot (Bordelais), l’ugni blanc (Charentes), et le chardonnay (Bourgogne); par le millerandage (hétérogénéité des baies) en Beaujolais; et par le filage (avortement de grappes) en Val de Loire, et en Bourgogne en + des grêles qui y ont ravagé 1 350 hl.
Ces prévisions ne prennent pas en compte les aléas climatiques et problèmes sanitaires survenus après le 1.8 (grêles en Champagne et en Aquitaine), mais les experts du SSP précisent qu’un rattrapage reste possible jusqu’à la vendange, selon les conditions météorologiques. La production des catégories de vins pourrait ainsi augmenter à 20,6 Mhl pour les AOP (+5 %), 9 Mhl pour les vins fortifiés d’eaux-de-vie (+18 %), 13,2 Mhl pour les IG (+9 %) et 3 Mhl pour les VdF (+49 %).
Hailstorms battered Southern Alsace with up to 60% damages in certain parts. The storm, which occurred on the afternoon of August 8 saw hailstones threatening this year’s harvest.
Hardest damages hit vineyards along the plains of Turckheim and Colmar, although rain mixed with hail mitigated the impact on sloped grand cru vineyards, according to a preliminary assessment by Paul McKirdy, cellarmaster at the famous Zind Humbrecht domain in Turckheim. ‘Had it been just hailstones, it would be much worse,’ he said. McKirdy estimates that Zind Humbrecht suffered about 20% potential damage to its vines — including parts of the famous Brand Grand Cru vineyard.
Amélie Buecher of Vignoble des Deux Lunes in Wettolsheim said the hail was striking enough that people had to close their shutters; ‘I saw hailstones the size of ping-pong balls; we were very worried.’ Buecher reported ‘light damage’ in the Hengst Grand Cru vineyard, from which other domains including Josmeyer and Zind Humbrecht make wines.
After making a tour of vines for its members today, technical vineyard director Elisabeth Schneider of the Turckheim Cooperative estimates damages ranging from ‘anywhere between 10 and 60%’.
Les orages ont été très localisés. La plus grande partie des vignobles du Sud-Ouest n’a heureusement pas été affectée. Au contraire, la pluie est arrivée au bon moment et laisse espérer un millésime de qualité, en particulier dans le Brulhois.
Decanter Wine News — Monday 5 August 2013
Bordeaux’s main white wine growing region, Entre-deux-Mers, has been hit by a massive hailstorm damaging about 4,000 ha of vines with many producers losing almost their entire crop. President of the Syndicat Viticole de l’Entre-deux-Mers, Stéphane Defraine, said the Friday 2 August evening storm cost growers about ‘€ 20 M at the very least‘. ‘It lasted about 15 to 20 minutes where I was, longer in other parts, and about 4,000 hectares were destroyed,’ he said.
Growers in the worst hit areas said their vines were stripped bare by the hailstorm. News agency AFP reported that the hailstones, some of which were as large as cricket balls, killed birds. One of the best-known producers in Entre-deux-Mers, Château Bonnet, was severely hit by the storm. ‘We lost about 280 hectares out of a total 300,’ said owner André Lurton. The estate produces about 1.5 million bottles of white and 1 million bottles of red a year.
The storm is the second to hit the Bordeaux region in as many weeks, with strong winds and heavy rain battering vineyards in the Médoc in late July, notably at Château Lafite where willow trees were uprooted.
Currently growers are assessing the full extent of the damage to see what, if anything, might be salvageable, while exploring the possibility of government aid and zero-rated loans to help manage the financial impact.