DANIEL J. BERGER
8 060 vins provenant de 58 pays s’affrontent en ce moment à Bruxelles aux championnats du monde des vins, 2 428 pour la France suivie par l’Espagne (1 615), l’Italie (1 163), le Portugal (965).
Bernard Sirot, le conseiller technique du Concours Mondial de Bruxelles, répond à nos questions.
Comment caractérisez-vous le CMB par rapport aux autres grands concours mondiaux de vin ?
Il y a les concours nationaux, et les concours internationaux comme celui du Québec, Decanter à Londres, Mundus Vini en Allemagne, et il y a le Concours Mondial de Bruxelles. Notre principale caractéristique est sans doute l’équilibre entre le sérieux et la convivialité. Au fil du temps, un collectif de 600 dégustateurs provenant de 50 pays s’est créé, un véritable fan club, qui confère au CMB son identité et son esprit. Les 600 ne peuvent pas être admis tous à chaque édition — nous ne pouvons matériellement dépasser 350 — et cette année j’ai dû refuser beaucoup de sollicitations dont 127 venant de Français : c’est dire le succès du CMB.
Vous dites que les quelque 8 000 vins en compétition « représentent 500 millions de bouteilles commercialisées. » Pouvez-vous expliquer ?
Chaque vin inscrit correspond respectivement à un certain nombre de bouteilles qui sont commercialisées. 500 millions est le nombre de bouteilles vendues en cumulant les 8 000 vins en compétition.
Bernard Sirot (ci-dessus) : « Le vin est un domaine sérieux dans lequel on peut s’amuser. »
Quel est le modèle économique du CMB ? Quel est le chiffre d’affaires du Concours Mondial proprement dit ?
À combien se monte l’inscription d’un vin ?
Notre activité est gérée par l’agence de communication Vinopress qui outre le CMB lui-même, itinérant à chaque édition dans les différents pays producteurs européens et dont je suis le responsable pour la France, organise le Concours Mondial du Sauvignon, le Spirit Selection qui se tient au Brésil cette année, et en Chine l’année prochaine, ou le Mondial de la bière, et qui a une activité de conseil vis-à-vis d’autres organisations et manifestations. Le chiffre d’affaires du CMB approche le million d’euros. L’inscription d’un échantillon de vin, soit quatre bouteilles, coûte 150 € hors frais.
Pourquoi quatre bouteilles par échantillon ?
En raison de notre politique progressive de suivi aval. Le producteur qui inscrit un vin est averti qu’en cas de médaille, son vin peut être re-dégusté au hasard, en achetant des bouteilles dans le commerce sur les deux années précédentes, pour comparaison avec les échantillons dégustés au CMB : voilà pourquoi il sont passés à 3 et désormais 4 bouteilles. Au moindre problème après analyse en laboratoire, s’il y a malversation ou tricherie délibérées, le CMB peut poursuivre les fraudeurs en justice, c’est arrivé. Le suivi aval réalisé dans six pays à ce jour et dont nous allons élargir le nombre, est aussi l’une des caractéristiques du sérieux du CMB, et l’un de ses facteurs de réussite. Je ne comprends pas pourquoi les autres grands concours n’adoptent pas comme nous cette discipline, qui est une garantie pour chacune des parties prenantes.
Comment concrètement réussissez-vous à gérer la participation de 8 000 vins en 3 jours ?
Une fois organisés comme nous le sommes depuis de nombreuses années — immatriculation de chaque bouteille inscrite,
suivi informatique et photométrique selon un programme très élaboré, correction automatique d’erreurs d’inscription, classement par type de vin en séries homogènes — l’organisation de la dégustation de 8 000 bouteilles n’est pas plus compliquée que pour 30 !
Notre taux d’erreur ne dépasse pas 1% et nous sommes équipés pour pouvoir doubler le nombre d’échantillons s’il le faut.
Au CMB, quel est le dégustateur type ?
Un professionnel, un professionnel neutre — journaliste, représentant de la filière, d’organismes de gestion de vignobles, ou œnologues indépendants, comme Thomas Costenoble par exemple, devenu directeur général du CMB, en excluant les producteurs, car on ne peut être juge et partie.
À quelle plus value commerciale moyenne un vin médaillé au CMB peut-il prétendre, comparée notamment aux concours nationaux ?
La plus value est considérable surtout dans les pays non producteurs, et moins en France, en Italie, Espagne et désormais Portugal, où les concours nationaux sont plus nombreux et ont plus d’influence. Mais globalement, dans plus de 45 pays hormis les trois premiers pays producteurs cités, une médaille CMB ajoute énormément de valeur à une bouteille.
À SUIVRE…
Pouvez-vous dire quel est le pourcentage d’échantillons refusés entre l’inscription et la dégustation. Autrement dit, à quoi correspondent les chiffres donnés par le Concours Mondial quand ils disent qu’ils se sont affrontés, ou en compétition ? Est ce vraiment le chiffre des échantillons dégustés ?
Merci de répondre à ma question : « Depuis sa création en 1994 et jusqu’à l’édition 2013 réalisée en Slovaquie, combien d’échantillons de vin et spiritueux ont participé et ont été dégustés au CMB ? »
Je suppose que les spiritueux 2013 ne font pas partie du total puisque cela a été fait a Taïwan.
Je vous remercie de m’éclairer.