D’après VITISPHÈRE 26 décembre 2014
Événement judiciaire de l’année viticole, le procès Giboulot est né d’un rejet, en âme et conscience, « d’une politique de traitement systématique immodérée, où le principe de précaution a été détourné. »
« Il a été appliqué à l’envers, non pas pour protéger la population, mais des intérêts privés » juge le vigneron bourguignon Emmanuel Giboulot, qui a accepté de contribuer aux vœux 2015 recueillis par le magazine en ligne Vitisphere.
S’il dit ne pas attendre grand chose des politiques agricoles, il se montre « optimiste sur la prise de consciences individuelle ». Se retrouvant dans l’approche du Mouvement Colibris lancé par Pierre Rabhi*, il est persuadé que « l’important, c’est la part de chemin que chacun fait, à sa mesure. Je crois beaucoup au 1 + 1 + 1… Il n’y a pas d’un côté ceux qui ont tort et de l’autre ceux qui ont raison. Pour que les pratiques changent, il faut que les consciences individuelles s’ouvrent, par un parcours personnel. Peu de moyens sont mis dans la recherche et l’encadrement des solutions alternatives, les choses évoluent lentement… »
Devenu le symbole de la lutte contre le tout-pesticide (plus d’un million de signatures récoltées via des pétitions sur son procès), Emmanuel Giboulot souligne que ce débat « dépasse le cadre de la flavescence dorée. Il est symptomatique du système agricole productiviste utilisant beaucoup d’intrants. Trop longtemps il y a eu une banalisation de l’utilisation de pesticides. La médiatisation du procès a permis le débat, mais je ne suis pas sûr qu’elle ait permis le consensus. Je vois bien que les traitements obligatoires ont été mal vécus dans le vignoble, même si je suis le seul à être mis sur le devant de la scène. C’est la stratégie qui n’a pas été comprise, elle n’a pas considéré le point de vue de ceux souhaitant une autre approche. »
Un manque de dialogue qui aurait donc conduit à un manque de discernement, et qui pourrait de nouveau amener la filière dans le mur prévient Emmanuel Giboulot. « En face de nous, la société civile, les consommateurs, demandent que les pratiques agricoles soient plus claires, moins nébuleuses. Si ça on ne veut pas l’entendre, des ennuis nous pendent au nez. Il faut savoir si l’on défend un système ou un produit, le vin. »