DANIEL J. BERGER
L’Alentejo, région vinicole du sud du Portugal produit le quart des vins classés du pays, 4ème grand du vin européen.
Elle organise tous les deux ans un concours de dégustation international, VINIPAX, auquel Mtonvin était convié à participer à la mi-octobre dernier.
ViniPax, la paix du vin, quel beau nom ont trouvé là les fondateurs pour nommer ce concours, organisé avec l’une des plus importantes associations internationales de journalistes du vin, la FIJEV (1).
Son principe est de faire appel à un large éventail de dégustateurs pour légitimer les résultats en leur donnant, au nom de la diversité culturelle et géographique des différents palais, une signification « universelle ».
Les dégustateurs représentant 13 pays (2) répartis en trois jurys avaient rejoint le samedi 10 octobre la splendide Pousada (équivalent du Parador en Espagne) de San Francisco, une ancienne abbaye, à Beja où se tenait le salon des vins de l’Alentejo, d’Algarve et de Setúbal.
Trois catégories en lice : tinto (rouge), branco (blanc), fortificado (muté (3))
Dans ce décor grandiose, avec le jury n°3 j’ai pu pour ma part (à droite ci-dessous, cheveux blancs) déguster 20 rouges de 2011 à 2014, de beaux vins avec du corps, bien élaborés, toniques, intenses, d’un niveau international indiscutable — rubis ou grenat, arômes de fruits rouges, ronds avec une légère astringence, et dès leur jeunesse d’une nette maturité due au soleil impitoyable de l’Alentejo.
En Alentejo, les viticulteurs savent doser leur irrigation — rendue ici indispensable, le printemps et l’été sont chauds et secs, les précipitations faibles (600 mm d’eau/an en moyenne). Ils savent mélanger les cépages selon les sols — granitiques (Portalegre), calcaires (Borba), schisteux (Redondo, Reguengos, Vidigueira). Et savent associer tradition et modernité, en produisant des vins qui m’ont paru à la fois précis, clairement reconnaissables, bien que relativement normés pouvant donner l’impression d’une certaine uniformité.
Le jury dont je faisais partie, présidé par Lisete Osório (de dos photo ci-dessus), s’est montré sévère en n’accordant aucune note supérieure à 89,93/100 (niveau médaille d’argent, pas de médaille d’or).
Cette rigueur honore ViniPax, dont le directeur technique, Anibal José Coutinho (ci-contre) (4), s’est bien gardé de donner la moindre consigne, par exemple un nombre minimum de médailles à attribuer comme c’est de plus en plus l’usage dans les grands concours internationaux type Mondial de Bruxelles.
Les cinq premiers médaillés ont été :
— en n°1, le Pai Chão Grande Reserva 2011 de l’Adega Mayor (89,93/100);
— le Fita Preta 2011 de la Herdade do Outeiro de Esquila en n°2 (89,39);
— en n°3, le Convento do Paraiso 2012 (89,14) de la société viticole de l’Algarve, une joint venture entre la famille Pereira Coutinho, et la famille Soares (Malhadinha Nova);
— en n°4, le Fonte Mouro Reserva 2012 (89);
— et en cinquième, le Herdade Grande Reserva 2011 (88,86).
Ces cinq premiers domaines récompensés vont faire l’objet de reportages à venir.
Il ressort de cette dégustation très cohérente que les rouges de l’Alentejo, même s’ils sont destinés d’abord à la consommation locale, sont prêts à affronter leurs meilleurs rivaux du Douro, de Ribera del Duero ou de Rueda en Espagne, du Languedoc-Roussillon ou du Rhône en France, et de Californie. Mais ils souffrent encore d’une diffusion limitée à l’export.
Encore relativement discrets à l’international, les vins de l’Alentejo gagnent chaque jour en notoriété qu’un concours très sérieux comme ViniPax contribue à accroître.