D’après une communication du Concours Mondial de Bruxelles 1er Août 2018
Les données 2015 de l’Institut du Vin placent la Suisse au 28ème rang mondial pour la production de vin, soit 0,35 % de la production mondiale. En 2016, elle a produit 108 millions de litres, exportés à seulement un peu plus de 1% : le vin suisse n’est trouvable que sur place.
Vignoble suisse ouvert sur le Léman
Un tiers des vins consommés en Suisse sont produits dans le pays, le restant est importé. Selon Henry Grosjean des Caves du Château d’Auvernier à Neuchâtel, l’un des principaux défis de la viticulture suisse est de « se faire connaître » et de rendre les vins suisses plus accessibles au monde extérieur. Les organismes Swiss Wine Promotion et GastroSuisse développent un projet intitulé Swiss Wine Campus qui propose de rencontrer des viticulteurs helvétiques, d’apprendre à consommer et de passer des examens reconnus par la profession.
Grosjean reconnaît qu’il est fréquent chez les professionnels du négoce et de la restauration de recommander des vins étrangers plutôt que nationaux : « le but des vignerons suisses n’est pas de remplacer au restaurant ou chez le caviste un vin suisse par un autre vin suisse mais d’élargir leur visibilité en simplifiant l’accès au consommateurs, » commente-t-il. « Les amateurs doivent regagner confiance dans le vin suisse, les jeunes consommateurs s’identifier au vin de leur pays, et les viticulteurs écouter les consommateurs et s’adapter à leurs attentes. »
En 2016, 185 millions de litres de vin importés
soit 123 millions de litres de rouge, 39 millions de blanc et 22 de doux et pétillant. Les importations les plus importantes proviennent d’Italie (74 Ml ou 40 %), de France (39, 21 %), d’Espagne (32, 17 %) et du Portugal (11, 6 %). Daniel Dufaux de Badoux Vin à Aigle dans le canton de Vaud estime que le principal enjeu du marché est de récupérer des parts de marché sur les vins étrangers. Le marché suisse a des avantages : les Suisses sont consommateurs, ils ont la culture du vin et un fort pouvoir d’achat. “Si les vignerons suisses arrivaient à récupérer des parts de marché et à augmenter un peu leur marge, ils investiraient davantage dans la promotion, gagneraient en visibilité et élargiraient leurs ventes,” commente-t-il. “Bien que nous soyons un petit-pays-montagnard-viticole, moins connu que certaines régions françaises par exemple, nous disposons d’un savoir faire fondé sur la précision,” conclut Daniel Dufaux.
Quasi entièrement consommé dans le pays
Au cours des vingt dernières années, les exportations ont représenté entre 1 % et 2 % de la production : en 2016 par exemple, les exportations n’ont représenté que 1,1 %. Malgré ce très faible pourcentage en raison de la demande intérieure et des coûts de production, l’industrie vinicole helvétique fonctionne “avec l’efficacité d’une montre Rolex et offre une qualité irréprochable.” Mais de nombreux négociants ont réalisé que l’exportation doit faire partie de leur stratégie de développement.
Six régions viticoles
Le Valais est la plus importante région avec 33 % du total, suivi du canton de Vaud (25 %), de la Suisse alémanique (19 %) et de Genève (10 %). Le Tessin produit 7 % et la région des Trois Lacs 5 %. Le vin de Suisse est produit dans un climat frais sur un terroir alpin (les Alpes occupent les 2/3 du pays) et dont les vignobles se situent relativement haut (270 m au Tessin, 1 100 m en Valais) avec des pentes abruptes. En hiver, la neige recouvre fréquemment les vignes (ci-dessous).
Selon Gilles Besse du Domaine Jean-René Germanier en Valais, le principal défi réside dans les coûts de production très élevés dus à la configuration géographique helvétique. “Nos vignobles sont situés au pied des montagnes, sur des terrasses et des parcelles fragmentées.” Pour équilibrer ces coûts, les vins suisses se positionnent en catégorie premium pour bénéficier d’une reconnaissance internationale : “les concours internationaux tels le Mondial de Bruxelles nous aident à vendre nos produits à l’étranger et à rendre les Suisses fiers de leurs vins, ” déclare Besse, ajoutant que bien qu’en raison du climat il soit difficile de produire en bio, c’est un autre défi à relever.
Les cépages
Il existe de nombreux cépages en Suisse : plus de 250 sur 15 000 hectares de vignes (0,4 % de la surface totale du pays). Cela peut sembler minuscule mais d’après Swiss Wine Promotion, cette proportion place la Suisse au 10ème rang mondial selon le ratio vignoble /pays / surface. D’après l’ampélographe José Vouillamoz, 80 cépages sont “indigènes” dont “59 sont des croisements et 21 des cépages du patrimoine helvétique. ”
Les cépages les plus cultivés sont le pinot noir (rouge) et le chasselas (blanc) qui représentent respectivement 28 et 26 % de la production totale. Autres cépages : gamay, merlot, humagne rouge, petite arvine, savagnin blanc, gamaret, garanoir, pinot gris. Les quatre cépages les plus cultivés sont le pinot noir, le chasselas (indigène), le gamay et le merlot, représentant 72 % du total du vignoble. Les cépages universels tels le chardonnay, le sauvignon et la syrah permettent aux producteurs de démontrer dans des comparaisons internationales la qualité de leur terroir et leur savoir faire, affirme Swiss Wine Promotion.
Plus de 1 800 producteurs
Selon Henry Grosjean, les deux tendances de la viticulture suisse sont le développement durable et les vins produits localement. “Dans les grottes du Château d’Auvernier, le développement durable est primordial dans chaque décision que nous prenons. Un nouvel entrepôt a été équipé de tuiles photovoltaïques fournissant désormais 1/3 de l’énergie nécessaire à la vinification. Et nous n’utilisons plus d’insecticides. ” Le château d’Auvernier propose différents vins, dont un seul en assemblage : “les vins issus de la sélection parcellaire sont de plus en plus en vogue, cela fait partie de la tendance générale de regain d’intérêt pour les produits de terroir, notamment en Suisse romande et de plus en plus en Suisse alémanique,” dit-il en conclusion.
La Suisse au CMB
La Suisse a participé pour la 1ère fois au Concours Mondial de Bruxelles en 2006 et figure depuis parmi les 10 premiers pays en nombre d’échantillons présentés. En 2017 elle a gagné 42 médailles, dont 3 Grand Or. La plupart des vins primés proviennent du Valais et du canton de Vaud. En 2018, les vins suisses ont reçu 49 médailles. C’est le chasselas indigène qui a obtenu le plus grand nombre de médailles (11). Le pinot noir s’est classé au 2nd rang (10 médailles). La prochaine édition du CMB aura lieu en mai 2019, à Aigle, dans le canton de Vaud où le chasselas indigène, cépage roi, y représente 60 % de la production.