Aujourd’hui, environ 6 000 viticulteurs pratiquent la viticulture biologique ou sont en période de conversion. Soit environ 10% de la surface totale du vignoble. Pierre Guigui a remarqué non sans humour qu’à ce rythme de progression depuis 2007, il faudra 170 ans pour que le vignoble français passe au bio en totalité.
En bref, la filière viticulture bio française en 2016 c’était une production de 1,82 million hl (contre 45 562133 hl au total). Entre 2013 et 2015, le vignoble bio a progressé de 37 %, et le marché français du vin bio qui a augmenté de 33 %, compte pour 15% du marché en valeur. En 2016, la viticulture biologique en France comprenait 5 263 exploitations avec 58 638 ha de vignes. La superficie actuelle est passée à 70 740 ha contre 835 805 ha au total, soit 9% du vignoble.
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Et en Europe ? En 2015, plus de 280 000 ha de vignes étaient cultivés en bio dans l’UE soit environ 9% du vignoble. L’Espagne, l’Italie et la France se partagent 90% du vignoble bio européen.
CONCOURS AMPHORE : RÉSULTATS
Aux concours de dégustation ouverts à tous les pays producteurs et à toutes catégories, les vins bio se distinguent par des notations plus importantes que la proportion de leur participation (11% de bio au Concours Mondial de Bruxelles), notamment en Angleterre où ils atteignent souvent 30% des médaillés. La question ne se pose pas au Concours Amphore où tous les vins sont bio (et biodynamie).
Le lundi 15 avril dernier, la dégustation à l’aveugle du jury Amphore dont je faisais partie comprenait 18 vins rouges de Bergerac, Fronton et Gaillac. Les bouteilles en lice s’étageaient de 2015 à 2018, incluant un 2008.
Notre jury a médaillé un tiers des vins (dont trois avaient des défauts et n’ont pas été notés).
Les six vins rouges médaillés du jury 11, ci-dessus de gauche à droite :
— Tot Ço Que Gal (Tout ce qu’il faut) – AOC Fronton 2016 – Château Plaisance – NC
— Tertres du Plantou – AOC vin de Bergerac 2016 (médaille d’or) – Château Tertres du Plantou – NC
— d’Ambre – IGP Comté Tolosan 2018 (médaille d’or) – Les Fées Nature / Maison Labastide – 6,90 €
— Esquisse – Gaillac 2018 – Domaine Rotier – NC
— Jardins Saint-Louis – Fronton 2016 – Pas d’information – NC
— Les Chênes de Saint-Louis – AOC Fronton 2015 – 2ème vin de Château St-Louis – 8,95 €
Photo de gauche : le grand maître Michel Dovaz (90 ans) auteur de très nombreux ouvrages et dégustateur implacable.
Photo de droite : l’un des 4 dégustateurs du jury n° 11 et votre serviteur (à droite) prenant connaissance de la liste des vins.
Cette année ont participé 512 vins bio et en conversion de toutes les régions de France, d’Allemagne, d’Autriche, Grèce, Italie, Espagne, Hongrie, dégustés par 150 jurés provenant de France, d’Angleterre, Italie, Luxembourg, Norvège, Suisse, … 150 médailles ont été attribuées récompensant 29% des participants.
Conclusion en demi-teinte
Malgré ces bons résultats, une certain scepticisme se fait jour à travers les remarques diffusées aujourd’hui par les organisateurs.
« Avec une vague verte à tous les étages, il faudrait se réjouir. Des bio en veux-tu en voilà, voici de la Haute Valeur Environnementale avec trois niveaux (HVE pour les intimes), des non bio encore plus bio que les bio, ils sont là, même s’ils refusent tout contrôle…
A en croire les commentateurs, la vigne et l’agriculture en général n’ont jamais été aussi vertes et responsables. La vigne bio cela a été 11% d’augmentation entre 2016 et 2017. Enfin… 11% de pas grand-chose ça reste pas grand-chose ! A ce rythme, il faudrait attendre 170 ans pour ne plus voir de produits chimiques et de synthèse dans les vignes…
Et pourtant, malgré ce tsunami écolo et selon les ministères de la transition écologique et de l’agriculture, l’année 2013 a vu une hausse d’utilisation de produits phytosanitaires par rapport à 2012. De plus, « sa valeur moyenne triennale 2014-2016 a même augmenté de plus de 12 % par rapport à la moyenne triennale 2009-2011, » une belle progression qui se consolide dans la même proportion en 2017 avec 12,4 % d’augmentation.»
La conclusion de Pierre Guigui (ci-contre) néanmoins satisfait de son concours, est sur les progrès du bio manifestement amère : « toujours plus de bio, de HVE, d’affiliés et autres tours de passe-passe et… toujours plus de produits phytosanitaires ! Cherchez l’erreur, sachant que la vigne n’est que de 3% de la surface utile agricole mais pas loin de 20 % des produits phyto utilisés. »