Alain Rémond | LA CROIX | 1er juillet 2019
Je crois que je suis passé à côté de ma vraie vocation. En fait j’aurais du être critique œnologique. Le challenge c’est de trouver dans le vin tout ce qu’on veut, à l’exception du raisin (rappelons que le vin est fait avec du raisin). On voit par là qu’il ne faut pas manquer d’imagination, qualité dont je ne suis pas tout à fait dépourvu.
Je viens de lire la « sélection des meilleurs rosés hexagonaux » parue dans M le magazine du Monde. Et qu’y trouve-t-on d’après les spécialistes maison ?* De la framboise, de la menthe, des fruits mûrs de l’été, de la fraise cuite, des brugnons, des épices, une pointe de cerise, du melon, de la groseille, du pamplemousse (blanc ou rose), de la pêche de vigne, de la pêche blanche, des agrumes, des épices douces, de la bergamote, de l’abricot, du citron, des petits fruits des bois, du poivre blanc, de la réglisse, de la grenade, du cassis, de la mandarine, voire carrément « tout un buisson de baies » (feuilles incluses). Mais aussi (et là il fait un sacré palais pour faire la différence) du « bonbon acidulé » et du « bonbon anglais. »
Tout cela est bel et bon. Mais tout de même, si je puis me permettre, un peu court. Pour ma part, je me sens tout à fait capable de trouver dans les meilleurs rosés hexagonaux de l’artichaut, de la betterave, du panais, de la courgette, de l’aubergine, du topinambour de la pomme de terre. Et, bien entendu, du chou-fleur de Saint-Paul-de-Léon.