MARIA CRISTINA VALLARINO LOZADA
À quelques jours de la Saint Valentin, quel autre vin que le Rosé peut le mieux évoquer la célèbre « vie en rose » ? Une correspondante FIJEV* de Lima s’exprime.
Quelle revanche, quand on sait que jusqu’à une époque fort récente, le vin rosé (le plus vieux vin de l’histoire selon certains, le vinum clarum des Romains) était considéré péjorativement comme un petit vin, de seconde zone, élaboré un peu par défaut, un vin d’été …
Revanche tardive, après deux ou trois siècles de dédain qui avaient suivi une longue époque de quasi monopole, quand les Anglais vendangeaient tranquillement l’Aquitaine et que les tonneaux de « vin clairet » — claret, un nom gascon — quittaient le port de Bordeaux pour ceux d’Angleterre et d’Europe du Nord.Pour se convaincre de cette vogue passée, il n’est que de considérer la peinture flamande de Breughel à Vermeer, laquelle a toujours représenté des carafes de vin clair…
Le verre de vin – Vermeer
D’autres siècles sont venus plus enclins à la macération des raisins noirs, nouvel usage très « tendance » qui a progressivement relégué la production et la consommation du vin rosé aux régions du Midi de la France, notamment la Provence, laissant aux terroirs d’Aquitaine tous les privilèges d’une considération grandissante et presque universelle.
Et voici que le récent engouement des Français pour ce vin clairet rebaptisé « rosé » a permis peu à peu d’inverser la tendance et de redonner au vinum clarum des lettres de noblesse qu’il avait depuis longtemps perdues.
L’évolution des modes gustatives, peut-être en raison de l’internationalisation des types de cuisine, a très vite permis au vin rosé de se refaire une réputation et de franchir ainsi les frontières sous l’habit flatteur d’une estime toute neuve : désormais on le retrouve aussi bien en Chine accompagnant un riz cantonnais, qu’au Japon, à New-York, à Santiago ou à Lima. On observe que sa consommation dans le monde est en constante progression.
Si la France reste, aujourd’hui, le premier producteur mondial de rosé, il faut souligner que les pays viticoles du monde entier ont désormais inscrit le « vin rosé » à leur palette de présentation et à leurs tarifs.
Notre vieux rosé renoue donc avec le succès; il n’est plus seulement du vin clair, il ose se parer avec éclat des couleurs de la rose. Son nom à lui seul soulève hors de son pays de naissance, tout un imaginaire romantique.
Nul doute que ce vin chargé de rêve et d’histoire saura enchanter les dîners chics de la Saint Valentin 2009.
Maria Cristina Vallarino Lozada (Lima, Pérou)
* FIJEV, Fédération Internationale des Journalistes et Écrivains du Vin