JACQUES DUPONT : LE VIN ET MOI (2)
D’après l’interview de LAURENT GOTTI, journaliste-dégustateur en Bourgogne 13.12.16.
Avec Le Vin et Moi paru fin 2016, Jacques Dupont, le journaliste et chroniqueur spécialisé de l’hebdomadaire Le Point, publie une suite dans le même esprit de son précédent livre Choses Bues, paru en 2008 chez Grasset.
De son œil toujours aussi aiguisé voire satirique sur le monde du vin, il nous livre ses réflexions à propos de la dégustation, des vins naturels, des nouveaux venus qui débarquent dans la vigne, de la pratique du journalisme de vin, de la Bourgogne.
Interview cash.
Du côté de la production, vous évoquez la vogue du vin « nature » ou « naturel… »
Le vin c’est le génie humain. Le premier signe de civilisation, c’est la maîtrise de la fermentation. Dire que l’idéal c’est le vin naturel, qu’il naîtrait de la génération spontanée comme une espèce de résurgence divine… tout ça m’emmerde complètement. A partir d’un même terroir, l’homme va apporter des choses différentes, suivant son intelligence, sa perception. C’est un équilibre entre la nature et l’homme. Les grands terroirs sont toujours dans des zones marchandes, de commercialisation. Les évêques d’Autun n’ont pas développé la côte de Beaune ou la côte de Nuits parce qu’un jour Dieu leur est apparu disant : « Vous avez de grands terroirs là, sous les cailloux ». Ce n’est pas Neptune qui a suggéré aux gens autour du port de Bordeaux d’aller planter du cabernet-sauvignon. Vous ne verrez pas de grands vins dans les zones sans circulation.